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La Capoeira
 

La capoeira est un art-martial afro-brésilien qui aurait ses racines dans les techniques de combat des peuples africains du temps de l'esclavage au Brésil.

Elle se distingue des autres arts martiaux par son côté ludique et souvent acrobatique. Les pieds sont très largement mis à contribution durant le combat bien que d'autres parties du corps puissent être employées telles que, principalement, les mains, la tête, les genoux et les coudes. Les « joueurs » peuvent prendre position en appui ou en équilibre sur les mains pour effectuer des coups de pied ou des acrobaties. De formes diverses, la capoeira est jouée et/ou lutée à différents niveaux du sol et à différentes vitesses, accompagnée le plus souvent par des instruments, des chants et des frappements de mains.

La présence, dans la capoeira antique, d'éléments culturels africains et de luttes traditionnelles entretenues par les esclaves était proscrite par les colons, les esclaves les occultaient donc (comme dans le Candomblé au Brésil ou la Santería à Cuba) en leur donnant l'apparence de danses folkloriques autorisées, finissant parfois par se mêler totalement à ces dernières et s'y confondre définitivement. La cohabitation de ces pratiques folkloriques et le caractère violent des luttes a longtemps donné un caractère complexe et ambivalent à la capoeira qui peut être vue selon les lieux, situations et contextes comme oscillant entre le jeu, la danse et le combat de forme plus ou moins violente et crue.

Des formes très analogues à la capoeira, aussi bien dans les gestes que dans les rythmes, sont connues et pratiquées dans la plupart des pays concernés par la colonisation et la traite négrière. Le moring à Mayotte, Madagascar et à La Réunion, le ladja (ou danmye, ag'ya) en Martinique et en Guadeloupe, le maní à Cuba, le pingue à Haïti, le susa au Suriname, etc.

Génèse de la capoeira
 

Il est très difficile de décrire en détail la naissance de cet art martial puisqu'il est né dans la clandestinité et donc n'a laissé quasiment aucune trace (documents, écrits etc) pour raconter son histoire.

Certains voient la capoeira comme totalement africaine car tout ce qui la constitue existe, ou aurait existé, sous une certaine forme en Afrique.

Il est possible que la capoeira ait été inspirée notamment des techniques de combat des peuples bakongo.

Cet art de guerre à main nue était enseigné aux guerriers devant affronter les armées d'occupation et portait le nom de « NGO-LO » (en français, la force de la panthère, celle-ci étant le totem historique du peuple Kongo), selon la Société des Historiens du Congo-Brazzaville1.

Le Kambangula, ou Kamangula (également appelée Esquindiva, ou Finta), qui est une lutte traditionnelle originaire de Cabinda (anciennement au Royaume Kongo), semblable à une forme de boxe avec les mains ouvertes, a été rapprochée de la capoeira 2,3,4.

D’autres sources révèlent que la capoeira ne serait autre que le N’Golo, « danse du Zèbre » pratiquée au sein de plusieurs peuples de l’ancien Congo-Angola, à l’occasion de rites d’initiation de jeunes gens.

La capoeira ressemble aussi beaucoup y compris dans ses rituels (le cercle autour des lutteurs, l’orchestre, les instruments de musique jouer, etc.) à la danse du léopard pratiquée en Afrique de l’Ouest par la société secrète Poro et plus précisément chez les Senoufos (actuel Cote d’ivoire, Burkina, Mali etc.) où est appelée Boloye5.

Une autre source affirme que le terme capoeira ne vînt qualifier que plus tard une forme de lutte populairement appelée Brincadeira de Angola (jeu ou amusement d’Angola), tenue secrète pendant l’esclavage et aguerrissant les esclaves libres à l’art du combat.

D'autres pensent qu'elle est totalement brésilienne puisqu’elle est née sur le territoire du Brésil bien qu'ayant pour créateurs des esclaves venant d'Afrique.

Cependant la version la plus communément admise est qu'elle est inextricablement afro-brésilienne : pendant l'esclavage au Brésil dès le XVIe siècle, les Portugais ont séparé et mélangé différentes tribus africaines pour diminuer les risques de révoltes, plusieurs populations se seraient retrouvées en contact et de ce regroupement hétéroclite serait née la première forme de capoeira, association de luttes et traditions africaines dans un contexte de société coloniale portugaise au Brésil.

La capoeira exprimerait une forme de rébellion contre la société esclavagiste, les premiers capoeiristes s'entrainaient à lutter en cachant leur art martial sous l'apparence d'un jeu ; ainsi quand les maîtres approchaient, le caractère martial était déguisé par la musique et les chants, le combat se transformant promptement en une sorte de danse en forme de jeu agile qui trompait leur méfiance et les empêchaient de voir le caractère belliqueux de la capoeira pensant qu'il ne s'agissait que d'une autre « brincadeira » d'esclave (jeu ou divertissement en portugais). Cette volonté de déguisement, de tromperie de la société coloniale a façonné la capoeira pour lui donner une coloration profondément ambivalente et brute que l'on retrouve toujours aujourd'hui, faisant de la capoeira une pratique se définissant entre manifestation culturelle (de par ses chants, sa musicalité et ses codes), lutte traditionnelle (ayant ses coups, ses prises) ou jeu d'apparence enfantin (mouvements acrobatique, malice).

La capoeira aurait été aussi conçue et pratiquée dans les « quilombos », refuges d'esclaves en fuite créés dans des endroits peu accessibles dans le but d'échapper et résister à leurs tortionnaires.

Le plus connu, « O Quilombo dos Palmares » a tenu plus d'un siècle et a fait l'objet de nombreux chants et son représentant le plus célèbre, « Zumbi Dos Palmares », est une des figures de la résistance des esclaves africains.

Finalement, la capoeira traduirait également une forme de langage corporel : les premiers esclaves parlant différentes langues et appartenant à différentes cultures l'auraient créé de manière fortuite ou intentionnelle comme un vecteur de communication inter-ethnique.

Ce sont les explications les plus souvent émises, de nombreux historiens ont cherché à expliquer les circonstances de la naissance de la capoeira mais il semble impossible de le faire d'une manière formelle et tangible.

Le nom de capoeira vient du nom des herbes qui servaient aux esclaves à s’enfuir.

Période post-coloniale

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De mieux en mieux connue et définie au cours de l'histoire du Brésil, elle survivra jusqu'à l'indépendance du Brésil en 1822 et l'abolition (officielle) de l'esclavage par la Loi d'or du 13 mai 1888 votée par le sénat et signée le jour même par la princesse impériale Isabelle du Brésil mais elle reste tout de même mal vue par l'autorité qui la considère comme dangereuse. Elle est utilisée notamment par des brigands et malfrats de tout genre, réunis en bandes rivales appelés « maltas de capoeira », la capoeira s'employait dans la rue où les « capoeiristas » ou « capoeiras » causaient des désordres car ils l'utilisèrent régulièrement pour régler leurs comptes dans des affrontements sanglants. Lors de la guerre du Paraguay, le Brésil envoya de nombreux esclaves et condamnés faire la guerre en échange de leur liberté et beaucoup de capoeiristes moururent sur le champ de bataille. En 1890, le Brésil pour interdire le mouvement de la capoeira en expansion créa un délit punissant ceux qui se rendent coupable de « capoeiragem » : l'exercice de la capoeira. Quiconque était donc surpris à la pratiquer était emprisonné et pouvait être envoyé aux travaux forcés. Ainsi la capoeira est restée publiquement confidentielle pendant plusieurs décennies et ce statut fut intégré dans ses « codes », les capoeiristes étaient anonymes et connus seulement par leur « apelido » (surnom), le choix des instruments se porta sur des instruments légers et transportables et le toque « cavalaria » (que l'on pourrait traduire cavalerie pour désigné la police montée) était joué pour avertir de l'arrivée des autorités et permettre aux capoeiristes de fuir.

Début du XXe Siècle
 

Au début du XXe siècle la capoeira gagnant de plus en plus en popularité, elle se démocratisa et gagna en respectabilité. Elle fut soutenue par de nombreux artistes, penseurs et hommes publics brésiliens qui commencèrent à émettre la possibilité d'en faire une des nombreuses manifestations populaires et culturelles brésiliennes reconnues nationalement.


Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Capoeira

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Edit : 13/09/2023

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